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Mon tour de France des alternatives
26 février 2011

Enfin de mes nouvelles au hameau des buis

 

Ah le hameau des buis !

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Je suis arrivée dimanche soir, le 20 février 2011. Partie un peu tard de chez un ami, je n'ai pas réalisé que j'avais ma feuille de route jusqu'à Lablachère … mais pas jusqu'au hameau des buis ! Tant pis, j'y vais.

Au volant de ma voiture, comme à chaque fois que je pars, j'ai cette sensation de liberté, cette sensation que tout m'attend et m'ouvre les bras. C'est bon !!!

Mais cette fois, aussi un peu de stress. Jusqu'à présent, exception faite de mes deux jours de woofing près de chez mes parents, je ne suis allée que dans des lieux connus (famille et amis).

Cette fois, c'est l'inconnu ! Comment vais-je être accueillie ? Vais-je me plaire là-bas ? Serais-je à la hauteur de ce qu'on attend de moi (encore ce sentiment de vouloir être parfaite!) …

Léger stress aussi qui me suit depuis le début, car les étapes de mon parcours ne sont pas encore toutes bien définies. Je ressens une pression intérieure qui me dit de ne pas perdre de temps pour contacter des gens suceptibles de m'accueillir.

Voilà, j'arrive à Lablachère. Du Gard, je passe en Ardèche. Une sensation commune face à ces paysages sauvages et en souvenir des quelques personnes que j'ai pu rencontrer ces derniers jours: il y a quelque chose içi de rude et de digne à la fois. Et cette route où je roule à vive allure n'est en rien le reflet de ce que devais être la difficulté de se déplacer autrefois. Vivre sur ces terres demandait certaienement une audace et une force que les gens d'içi semblent avoir gardé. D'où ce vivier de militance et de propositions pour faire face aux défis de notre époque. Je ne vous en ai pas parlé, mais j'ai participé le samedi 19 à un « forum ouvert » sur le thème «Les sévennes en transition ». Des discussions fort intéressantes sur comment se préparer concrètement aux bouleversements qui arrivent, notamment avec la fin de l'abondance du pétrole. Mais bon, je ne peux pas vous parler de tout, sinon, je dois écrire un livre !!! Bref, les gens d'içi semblent de pas se laisser décourager facilement.

Je ressens à la fois l'envie de faire partie de ces gens, de les rejoindre, car içi, l'espoir est autorisé. Et en même temps, il rime avec patience et persévérance. Une certaine peur me paralyse encore, je le remarque. C'est un endroit rude et arride. Le doux soleil de février ne doit pas être aussi délicat en été, et le moindre déplacement, c'est de l'altitude et du petit chemin caillouteux, dès qu'on s'éloigne de la grande route.

Est-ce une métaphore de ce que les gens vivent et acceptent içi ? Je le verrais bien …

 

Me voici donc arrivé à Lablachère.

La nuit tombe, je me sens de plus en plus angoissée ! Des mots sortent de ma bouche: « S'il vous plait, là, je crois que j'ai vraiment besoin d'aide ! »

J'entre dans le village, tous mes sens en éveil. Un café d'un côté, un groupe de jeunes en mobylette de l'autre. C'est vers eux que je vais.

« Bonjour, je cherche le hameau des buis ... »

« Le hameau des buis ? Non, on ne connait pas … vous savez, y'a tout plein de hameaux partout içi ! »

« Oooh ! Je ne vais pas y arriver ! Y'aurait-il internet d'accessible dans le village ? »

« Euh, non, c'est la campagne içi !'

« Le hameau des buis … y'a une école là-bas ... »

Un jeune semble avoir un éclair dans les yeux !

« Aaah oui, je vois, c'est à côté de chez moi ! Suivez-moi, je vous mets sur la route !!! »

Et le voilà parti à fond sur les petites routes, et moi comme je peux, mais en chantant « Merci merci merciiiii ! »

Ouf ! Voilà comment je suis arrivée, la nuit tombée, dans ce coin de l'Ardèche où une énergie particulière tente de se concrétiser.

 

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Après un bon repas et une courte nuit (levé 7 heures), me voilà prête pour participer au chantier du hameau des buis. Les tâches sont réparties et moi, j'accepte d'être au poste de l'enduit terre-paille.

Mais avant de vous parler de mon travail, je vous présente le lieu.

 

Au départ, il y a Sophie Rabhi, qui enceinte de son premier enfant, a commencé à se documenter (livres, rencontres, stages) au sujet de l'éducation de son enfant. Il lui est vite apparu que l'école proposée par le système public français ne lui convenait pas. Elle souhaitait un environnement où l'enfant soit plus libre, et surtout au plus proche de la terre et de la nature. La terre, qu'elle avait rejoint dans la ferme parentale, après quelques années en grande ville. Un lien fort, justement. Après s'être formée à la pédagogie Montessori, l'idée lui est venue de créer une école, où les enfants seraient en lien avec la terre. Une école à la ferme. Idée nouvelle, alors elle s'y est mise.Tout d'abord en tant que bénévole, pour que tout public ait accès à cette école (pas plus de 150 euros par mois à débourser pour les parents). De plus en plus de gens interréssés, l'école, qui s'appelle « La ferme des enfants » grandit, mais Sophie sent bien que ce ne sera pas viable. Alors avec son nouveau compagnon Laurent, ils cherchent une façon de rendre le projet pérenne. Comme Sophie a l'habitude de l'accueil (sa mère le fait à la ferme familiale), elle se dit que construire une maison de retaite où les personnes agées seraient en lien avec les enfants, ce pourrait être bien. Mais le conseil général refuse l'agrément, car il y a des quotats. Alors vient l'idée d'un hameau. Et comme des parents semblent vouloir adhérer au projet, il devient hameau intergénérationnel. Les personnes intéréssées investissent en payant leur maison. Cet argent est utilisé pour le projet. Si elles veulent partir, cet argent leur est rendu. En habitant au hameau, les familles paient des charges qui permettent d'aider l'école et d'organiser la vie collective. En restant solidaires.

Les habitations sont pensées pour une empreinte écologique minimale. Tous les matériaux sont prélevés dans les environs, elles sont construites sur les bases de techniques bioclimatiques, avec des matériaux naturels le plus possible.

C'est un projet associatif, qui peut donc accueillir des bénévoles.

Depuis 4 ans, le hameau se construit, et c'est entre 2000 et 3000 personnes qui sont venues aider au chantier, et tout le monde espère que ce sera fini pour cet été.

 

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Alors me voilà dans ce mouvement, petite pierre à l'édifive, bénébole pour quelques jours, voire plus on verra! Je suis nourrie et logée pour 5 euros par jours, et je dois travailler le lundi, mardi, jeudi et vendredi.

 

Lundi, j'ai donc découvert les batiments. Ils sont beaux, ils sentent bons la paille et le bois. Mais je m'aperçois réellement de combien c'est technique de construire une maison ! Et içi, même si on est bénévole sur le chantier, on est très encadré pour que notre travail soit aussi satisfaisant que celui fait par un professionnel. C'est juste que comme on apprend, ça prend plus de temps.

Sur mon poste, je dois malaxer dans mes mains un mélange de terre, sable et paille (on appelle ça La Matière !), et le coller sur les parois d'un mur en paille. Pas si simple, surtout si on veut un mur bien droit !

Tout d'abord, je mouille le mur avec un pinceau. Ensuite, j'étale à la main de la barbotine (terre assez liquide). C'est le moment le moins agréable, car ça fait froid aux mains et la paroi de paille n'est pas des plus douces ! Et pour finir, l'enduit terre-paille. Pour vérifier régulièrement que le mur est droit, j'utilise une règle (une barre de fer) que je remonte le long du mur. S'il y a trop d'enduit, il se colle à la règle, s'il n'y en a pas assez, je dois en rajouter. Tout se complique bien sûr à l'endroit des appliques (tuyaus d'eau, fils électriques), et quand il y a des angles ou des coins !

 

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Alors donc voilà mes premières impressions : c'est dur, c'est lent, c'est long, mais … ça me fait du bien. Ce cadre m'apprend la persévérance. Et je découvre que malgré tout, ça avance. L'ambiance est sympathique, parfois silencieuse, parfois mélée de rires et de chants, parfois de discussions plus intimes.

On se retrouve toujours tous à 8heures le matin pour faire un point sur l'avancée du travail ou des besoins du jour. Puis chacun rejoind son poste. On fait une pause thé/café/fruits secs à 10h30, et le repas est servis pour 13h. On reprend à 14 h jusqu'à 17h30. Et ce, 4 jours par semaine.

Mais bon personne n'est hyper à cheval sur les horaires, se respecter est içi une règle d'or !

 

De façon plus persponnelle, me retrouver dans ce collectif, en observation, sans connaître personne, au début, c'était pas facile. Je me sentais un peu seule. Je sais que c'est un moment obligé, mais un début, une naissance, pour moi, c'est toujours un peu dur. Il faut s'adapter, il faut accepter ce sentiment de vide devant ce plein qui est juste là devant moi, ces gens qui se connaissent, ont vécu et vivent des choses ensemble. Et qui ne me connaissent pas encore. Je dois faire confiance, et petit à petit, le lien se créé. Etre patiente … l'intimité ça prend un peu de temps pour s'installer, il faut d'abord vivre des choses ensemble.

Et le chantier, ça aide !

En fait, mardi soir, ça allait déjà mieux ! J'ai pris mes marques, fait connaissance avec plusieurs personnes. J'ai même jouer un petit air de guitarre et ça a eu l'air de plaire ! Yeeeeeh !

 

Et puis il y a …

Il y a ce ciel étoilé magnifique, extraordinaire içi !

Il y a ce soleil qui réchauffe ma peau. (petit coup de soleil sur mes joues, si si !)

Il y a le chant des oiseaux … on est en février !!! (mais là, peut-être que ce n'est pas bon signe ...)

Il y a ce paysage, sauvage, à perte de vue !

Il y a ces gens que je rencontre et dont je suis curieuse.

Il y a tout ça.

 

Mercredi, je me suis posée un peu. Grasse matinée, fargniente, et petite promenade dans le lieu notamment pour y découvrirla ferme. C'était aussi une belle journée pour discuter avec les autres bénévoles, rencontrer plus précisément les futurs rédidents du hameau, ainsi que tout le petit monde qui gravite autour du lieu. Il y a en effet des bénévoles qui sont là depuis quelques années et qui dorment dans des cabanes ou des caravanes, derrière le hameau. On se retrouve tous aux moment des repas ou le soir dans la salle commune, la cuisine ou les douches !

 

Hier, jeudi, reprise du chantier. Je dois relever un défi, celui d'attaquer un bord de fenètre ! Yeeeeh ! Je commence à bien connaître les gens, je me sens plus détendue, je respire plus profondément. Le temps se déroule différemment içi. Pas de prise de tête, pas de pression, il y a un cadre, mais je sens qu'on est tous invité à se respecter aussi.

Le soir, un accordéon, des tables poussées, et un petit bal improvisé ont mis de la chaleur supplémentaire dans le lieu commun. J'ai même pu mettre mon nez de clown, c'est cool !!!

 

Aujourd'hui vendredi, j'ai été autorisée à déserter le chantier pour aller voir l'école. La pédaggogie içi est basée sur la méthode Montessori, mais Sophie préfère parler de l'école de la relation.

La journée commence en cercle, avec des petits rituels, comme une enfant qui dit bonjour à chacun dans la langue qu'il veut (aujourd'hui, c'était en allemand), ou bien compter les élèves présents … Ensuite, un petit comité d'enfants part avec le fermier pour s'occuper de diverses tâches (nourrir les animaux, vider les poubelles à compost, traire les chèves, faire le fromage …). Pour les autres, chacun sait ce qu'il a à faire, et de façon autonome s'y met. C'est une classe unique, et il y a trois instits pour 25 élèves.

Je n'ai pas trop de matière de comparaison, car je ne connais pas bien l'école primaire publique, mais une instit bénévole içi m'a parlé de ses impressions. Içi, il y a vraiment beaucoup de matériel, et toutes les notions abstraites sont abordées de façon concrète. Les enfants travaillent toujours en autonomie, il n'y a pas d'avancée en groupe. Mais bon, il y a aussi tous les âges ! Les élèves de maternelles sont au rez de chaussée et le primaire à l'étage. L'après -midi, les enfants choisissent des ateliers, ce peut être des activités artistiques, mais aussi s'occuper du jardin, ou encore un atelier proposé par un bénévole (je vais moi leur proposer un atelier clown) ! Il y a souvent des parents qui viennent pour participer à l'encadrement des ateliers.

 

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Voilà, j'en suis là. Je ne prends le temps d'écrire que maintenant tant ce que je vis est dense. Ce que j'écris est donc un condensé très très court ! Moins d'une semaine que je suis içi, et j'ai l'impression d'être emportée par une valse à 100 temps, tellement chaque moment est intense. Du lever au coucher. Je me faisais la réflexion hier soir que ce que je vis içi est super, mais fatiguant. Fatiguant, mais super ! Je suis stimulée en permanence, et ce sentiment de solitude du début a complétement disparu. Au contraire, j'essaie parfois de m'extraire du groupe pour soufler un peu. Je me délecte alors d'être seulement avec moi-même, pour intégrer peut-être un peu, et me reposer aussi !!!

 

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Commentaires
N
SUPER MYRIAM, une vraie immersion dans la terre, la paille, la contruction, l'habitat. Ce doit être génial. Tu as raison de tenter toutes ces expériences enrichissantes, quel richesse et quelle absence de routine par rapport à l'enseignement. Une parenthèse ou peut-être un radical virage et changement de vie ! Qui sait ?<br /> Je te donnerai des nouvelles du SEL SUD-OISE à la fin du mois après nôtre BLE du 26, 14 inscrits pour l'instant...<br /> BIZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ NICOLE
D
j'organise une soirée surprise en tête à tête alors ma belle, pas le temps de répondre comme il se doit mais.... MAIS... MERCI... continues, ça fait un bien fou.. je commenterai dans la semaine PROMIS ;)<br /> Bulles de bisousss
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